Installé avec son père John et sa grande sœur Cathy dans une maisonnette en forêt, Daniel grandit parmi les bêtes, se nourrit de chasse et de cueillette, travaille le bois et la terre, et je le sentais bien parti pour escalader les arbres en culotte panthère mais je me suis emballée !

Au cœur de cette jungle à la fois inquiétante et onirique, John protège ses enfants de la violence du monde comme un gros loup taciturne et féroce : il gagne l’argent du foyer à la force du poing, dans des combats clandestins à mains nus.
Le jour où Mr Price, riche propriétaire de la région, menace de les chasser, la tension s’amplifie et la violence se déchaîne.

Ce livre m’a beaucoup plu et je me suis particulièrement attachée à Daniel pour sa sensibilité, son côté «Mowgli androgyne», ses tâtonnements, sa créativité, et la quête permanente de sa mère mystérieusement disparue. J’ai senti chez lui la peur d’être abandonné et j’aimerais bien que l’auteure lui offre un destin un peu plus tranquille si elle écrit une suite.
J’ai trouvé aussi que Fiona Mozley traitait la violence d’une manière habile, en l’installant d’abord dans les silences qui étouffent la famille ; puis dans les corps en alerte, prêts à bondir ; et en la déployant dans un final spectaculaire.
J’ai bien aimé le glissement des genres : on passe d’un décor sauvage et sylvestre à une intrigue sociale et meurtrière, d’un vert ondoyant à une noirceur opaque. J’ai pensé à Germinal de Zola, ou encore aux textes de Nicolas Mathieu.

Sans être un coup de cœur absolu, ce livre m’a laissé des traces et de nombreux questionnements ; j’aimerais que Daniel aille bien et j’espère que l’auteure ne l’abandonnera pas.

Traduit de l’anglais par Laetitia Devaux.

Editions Joëlle Losfeld, 2020.

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